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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 00:00

6628783-un-panneau-de-signalisation-routi-re-avec-des-pointJ’ai perdu le Nord vers l'âge de six ans. Je ne l'ai jamais retrouvé! Je revenais tranquillement de la maternelle, à deux rues de chez moi, et j'ai vu un drôle d'oiseau. Il volait de branche en branche en roucoulant. Il était si beau. Je devais le suivre. Quand mon attention s'est volatilisée, j'ai réalisé que je ne savais plus où j'étais. Heureusement qu’à la petite école, nous venions d'apprendre, quelques jours avant, notre adresse. Toutefois, comme je souffre d'une légère dyslexie, je n'étais plus certaine si mon adresse commençait par 87 ou 78... C'est finalement un bon samaritain qui m'a reconduite à la maison après m'avoir calmée un peu, car prise d'anxiété, je ne me souvenais plus de rien, sauf de la couleur de ma maison. C'est alors que ma mère m'a accrochée au cou, mon nom et mon adresse. Encore aujourd'hui, je me dis parfois que je devrais porter ce collier, juste au cas où. 

 

On peut diviser les gens en deux catégories. Ceux qui ont une boussole interne et ceux qui ne l'ont pas. Vous avez deviné, je fais partie de la seconde catégorie. ''Regarde sur une carte!'' me dit-on sans cesse. Le problème c'est que même avec une carte, je ne me retrouve pas plus. Tout est trop petit, et lorsque je ne connais pas les rues, je suis incapable de les mémoriser. Les cartes imprimables sur internet m'ont aidée pendant un certain temps, car en plus de la carte, il y avait la description du chemin. Toutefois, j'aurais souhaité des informations plus précises du genre : « tournez à la maison rouge avec les volets blancs, puis continuez jusqu'au stop crochi et virez à droite à la banque d'épargne. Vous arriverez lorsque vous verrez votre oncle Robert tondre sa pelouse en vous envoyant la main ». Mais bon, la vie n'est pas toujours aussi simple. 
 

Dans la catégorie des ''orientés', il y a une sous-catégorie : ceux qui connaissent tellement bien leur petit chemin « spécial », qu'ils vous donnent des indications en quelques phrases incompréhensibles:

 

- Écoute bien, c'est facile. En sortant de mon entrée, tu tournes à droite, au deuxième arrêt-stop tu tournes à droite encore, mais tu gardes la gauche. Tu roules pendant trois rues et puis là, tu tournes à gauche, puis encore à gauche avant de tourner à droite au prochain arrêt. Tu prends la fourche vers le Nord, attention pas vers le Sud. Puis tu reviens un peu sur tes pas, et puis bla, bla, bla, bla, bla, bla, bla...

- Mais Steeeve, je tourne à gauche ou à droite en sortant de ton entrée? 
 

L'avènement du GPS m'a littéralement sauvé la vie. C'est l'une de ces petites machines technologiques qui m'a permis de rehausser mon estime de moi, et de croire que je suis capable de me rendre du point A au point B.  Je n'ai toujours pas compris la différence entre le chemin le plus court et le chemin le plus rapide, mais je sais que cela viendra. Cela dit, faut-il encore comprendre ce qu'elle la « machine » raconte, car à ce jour, je n'ai pas encore trouvé celle qui prononce bien en français. Et puis souvent, à la croisée des chemins, je ne sais pas par quel tour de force, j'arrive encore à prendre la mauvaise direction. Si vous voyez une auto dans la bande blanche juste ente l’autoroute et une sortie, envoyez-moi la main! C,est à ce moment précis que la fameuse phrase se fait entendre dans l'habitacle, « Recalcul en cours ». C'est une phrase que j'entends souvent. Celle-là, le GPS la prononce très bien. Tout se complique durant le fameux recalcul, car le temps qu’il met pour analyser toutes les cartes d'Amérique du Nord, j'ai le temps d’angoisser sérieusement. Je sais que je vais dans la mauvaise direction et lui, il le sait aussi puisqu'il me l'a dit, mais pourquoi prend-il son temps pour me dire quoi faire! Ma petite auto, celle sur l'écran, est dans une zone noire entre deux routes et je commence à hyperventiler. Si j'avais emprunté le chemin de la quatrième dimension? Nooooooooon! La seule chose qui me console c'est que je me dis que peut-être que mon « Moi » dans cette dimension possède un excellent sens de l'orientation. Enfin, quand je suis au volant, même le guizmo ne semble pas en croire ses circuits, et je sais qu'il surchauffe dès que je mets la clé dans le contact. Heureusement, ils n'ont pas encore réussi à programmer des émotions dans ses petites machines, car je n'ose imaginer ce que mon GPS pourrait me répondre. Mais mes amis, pour cela, il y a souvent un passager qui s'en charge. 
 

Le GPS est quand même moins stressant que mon ami George, qui préfère conduire. C'est vrai, il y a ceux qui aiment avoir le contrôle du volant et ceux qui préfèrent rester libres de leurs deux mains. Lorsqu'il est dans le siège du passager, ça le chatouille, car il préfère toujours prendre SON chemin préféré. Lui, il a une carte géographique dans sa tête. Il connait tous les raccourcis, tous les détours les plus courts. Un vrai chauffeur de taxi. Notre seul problème c'est que lorsque je conduis, j'aime avoir le contrôle. J'aime décider de la route qui nous mènera à destination, même si je n'ai aucune idée où je vais. Je dois être honnête, mon chemin est la plupart du temps celui du GPS, car à plus de deux rues de mon domicile, je pourrais tout aussi bien être à Saskatoon et ça ne ferait aucune différence. Donc, avec George, ce n'est pas reposant. Surtout lorsque j'entretiens une conversation, car comme je réfléchis pour épouser une certaine cohérence dans mes propos, c'est comme si je suivais un oiseau qui roucoule de branche en branche. Je parle et soudain je perds les infimes notions d'orientation que la vie m'a donnée. Je le sens qui stresse, ça me fait stresser à mon tour, et je me perds! J'arrive même à lui faire perdre la carte quelquefois.

 

Enfin, j'assume. Mon sens de l'orientation est inexistant. Je vous ai parlé de la petite voix qui nous dicte souvent quoi faire, et bien avec le temps, j'ai compris que derrière un volant, je dois faire exactement le contraire de ce qu’elle me dit. À mon grand désespoir, l’issue reste la même, car le jour où je décide de l’écouter je me perds et le jour où je décide d’en faire qu’à ma tête… je me perds. Le bon côté c'est que je découvre des endroits que je n'aurais jamais vu autrement. Des champs de blé d'Inde inconnus des citadins, des villages qui ne doivent exister que dans l'imagination ou encore le point X qu'aucun programmeur de GPS n'a pensé mettre sur une carte.
 

Un autre problème auquel je dois faire face avec mon ami le GPS, c'est la distance en km.''Tournez dans 1.6 km'' , ''Virage imminant dans 700 mètres'', Pardon? C'est combien long 700 mètres? Soudain l'envie irrésistible me prend de tourner à chaque coin de rue. 700 mètres c'est proche ou c'est loin? Est-ce proche comme... le prochain coin de rue ? Je n'en ai pas la moindre idée! Selon moi, ça dépend de la personne. Pour moi 700 mètres, c'est proche, je dois activer mon clignotant. Et puis, à trop regarder le dessin, surtout lorsqu'il fait soleil et que la définition devient presque nulle,  je rate ma sortie ou la satanée rue sur laquelle je devais tourner, car j'avais les yeux rivés sur l'écran. Trop de chose à déchiffrer en même temps, le dessin, la voix qui déforme les mots, les pancartes de rue arrachée ou tellement déformées qu'il faudrait que j'arrête et je me contorsionne pour pouvoir les lire.  Et puis sans compter que c'est habituellement à ce moment-là que la batterie de l'appareil se décharge. 
 

Si seulement mon manque d'orientation se limitait à l'automobile. Je suis incapable de déchiffrer les cartes dans les pentes de ski, les sentiers pédestres, le métro (celui de Paris ou de Londres!), c'est inévitable. J'ai même peur de me perdre dans les maisons que je ne connais pas! Maintenant je ne porte plus mon nom et  mon adresse au cou, j'ai une petite carte sur laquelle on peut lire: '' Je suis ici'', au moins pour moi, c'est rassurant...

 

         

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